L’Urgence de changer l’agriculture conventionnelle
Depuis l’arrivée de la mécanisation et des produits chimiques, notre modèle occidental agricole épuise les sols à grande vitesse.
Son impact négatif sur l’environnement, sur la productivité et sur les hommes n’est plus à prouver. En effet, nombreuses sont les pollutions qu’il génère (pollutions de l’eau, du sol, de l’air) et les impacts à court ou long terme (la destruction de la biodiversité, l’érosion des sols, la contamination de l’eau potable, l’augmentation des gaz à effet de serre, etc.).
Nous vivons désormais une crise écologique sans précédent qui nécessite un changement
radical des pratiques et de notre approche de l’agriculture.
Pour notre ambitieux projet agricole, nous avons choisi l’agriculture régénérative.
Le principe de la régénération
L’agriculture régénérative est une approche agro écologique révolutionnaire. Elle propose une alternative au système conventionnel en ayant un impact strictement positif sur son environnement. Elle vise avant tout à restaurer la santé des sols, c’est-à-dire remettre la vie dans le sol. Les microorganismes, champignons, bactéries, algues, insectes, vers de terre, et autres, participent au fonctionnement d’un écosystème favorable à la productivité. Arrivant à un certain équilibre, cette vie remplace le travail mécanique des tracteurs et l’apport d’engrais chimiques.
Ce modèle vertueux s’appuie sur la combinaison de plusieurs pratiques agroécologiques, notamment celle de l’agroforesterie :
Ne pas labourer les sols (pour conserver la structure du sol)
Associer plusieurs cultures sur une parcelle (pour bénéficier de leurs services mutuels)
Couvrir le sol toute l’année avec des plantes (pour préserver les sols)
Intégrer les coproduits de l’élevage (pour utiliser des engrais organiques)
Planter des arbres et arbustes en inter-parcelles (pour améliorer les performances agricoles, préserver le sol, …). C’est l’agroforesterie.
La synergie de ces pratiques a pour impacts :
D’améliorer la santé du sol,
De stocker plus de carbone,
D’augmenter la biodiversité aérienne et souterraine,
D’améliorer la rétention et l’infiltration de l’eau,
De réduire les risques d’érosion,
D’améliorer la résistance des sols face aux évènements climatiques extrêmes.
Ainsi nous réduisons l’utilisation des tracteurs et l’utilisation de produits chimiques, diminuant considérablement les charges liées aux interventions mécaniques et chimiques (par rapport au système conventionnel).
Le système assure des rendements colossaux par rapport à l’agriculture vivrière majoritaire en Centrafrique ; et ainsi des rendements comparables à ceux du conventionnel.
La régénération : une solution simple face à des enjeux planétaires
1. Nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050
D’après la FAO, il faudra augmenter la production de nourriture de 70% pour nourrir les humains en 2050. Cela passe par l’adoption des techniques agro écologiques, proposées par l’agriculture régénérative. Cette agriculture est durable car elle maitrise et soutient les ressources limitées. Elle est simple à mettre en œuvre sous tous types de climats. Productive, elle répond aux besoins nutritionnels croissants.
L’agriculture de subsistance existante en Centrafrique maintient la pauvreté et ne couvre pas les besoins nutritionnels des populations. D’autre part, l’agriculture intensive conventionnelle n’est pas durable et dépend de l’industrie chimique.
L’agriculture régénérative est un puissant levier pour assurer la sécurité alimentaire en préservant les ressources naturelles.
2. Agir contre le changement climatique !
L’agriculture de régénération prend soin du sol. Or, le sol a le pouvoir de stocker le carbone excédant de l’atmosphère. Avec l’océan, c’est en effet le meilleur puits de carbone.
Le projet 4 pour 1000, initié pour la Cop21 a montré que si tous les sols cultivés du monde absorbaient 0,4% de carbone en plus, les deux-tiers des émissions de CO2 mondiales annuelles seraient compensées (6 Gt C par an).
Cette augmentation ne peut se faire que par l’adoption de pratiques agroécologiques. Au même titre que les forêts, les sols cultivés deviennent ainsi un atout dans la lutte contre le changement climatique.
L’agriculture régénérative est un levier puissant pour répondre à l’urgence climatique.
3. Secourir la biodiversité
Qu’elles soient dans le sol ou sur le sol, des millions d’espèces animales et végétales sont menacées par les activités humaines, à l’échelle mondiale. Nous avons le devoir de les protéger et leur rendre un habitat au sein même des terres cultivées. Augmenter la matière organique dans les sols permet de nourrir les êtres vivants du sol. La biodiversité est ainsi incroyablement stimulée et les écosystèmes retrouvent un équilibre naturel.
L’agriculture régénérative est un levier puissant pour répondre à la crise de la biodiversité.
4. Mieux gérer les ressources en eau
Les techniques agroécologiques modifient la structure du sol. Il devient plus poreux grâce aux multiples racines pour une meilleure infiltration de l’eau. La matière organique supplémentaire et l’activité des microorganismes permettent une meilleure rétention de l’eau. Cette synergie rend les sols plus résilients aux sécheresses et aux inondations annoncées.
L’agriculture régénérative est un levier puissant pour répondre à la menace du manque d’eau.
5. Stopper la dégradation des sols
Dans le monde, 33 % des terres sont dégradées en raison de l’érosion, de l’acidification ou de la pollution chimique. En Afrique, ce sont plus de 45% des terres, une grande menace pour la production alimentaire (Le et al., 2014).
L’érosion des sols est la plus grande cause de perte de terres agricoles. Les premiers cm du sol sont les plus importants pour assurer la fertilité.
Grâce aux pratiques agroécologiques que nous mettons en place, nous participons activement à réduire l’érosion. Garder un sol couvert toute l’année, améliorer la structure du sol, limiter le labour … Toutes ces pratiques sont des leviers pour préserver durablement le potentiel agricole des sols africains.
L’agriculture régénérative est un levier puissant pour stopper la perte des terres cultivables.